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Géoglyphe, n.m : Grand dessin, grand motif à même le sol, visible depuis le ciel.

Cette pièce raconte les retrouvailles de trois adultes dans leur ancien lycée sur le point d’être détruit. S’entremêlent alors des scènes vécus dans cet établissement : ils étaient alors quatre dans la bande. Leur copine Exprès, leur avait alors demandé de l’aide pour un projet d’art-plastique. Elle voulait que ça pète.

Le texte est disponible sur demande à melodie(at)caravelleproject.com .

Une pièce de
Mélodie Etxeandia
Soutien à l'écriture
Bourse Beaumarchais SACD, Département de la Manche
Soutien résidence de médiation
DRAC Normandie, (Territoires ruraux territoires de culture), Département du Calvados, Commune de Thue et Mue
Partenariats
Association Loisirs Jeunesse, Magazine Grand Format, Ateliers Intermédiaires, Radio Bazarnaom
 
 

Un extrait du texte

CHOEUR DES SURVIVANTS : Nous avons été sur la plage et nous lui avons bâti son géoglyphe. Nous l'avons sculpté en positif. Nous avons creusé des tranchées dans le sable coupant, coloré par les coquillages morts et brisés. Des dunes de sable mouillé, plus hautes que des hommes, formaient des courbes sur le littoral. Des kilomètres de ban pétris par nos mains adolescentes. Des vallons de terres océanes. Nous l'avons moulé comme nos châteaux d'enfance, nous l'avons tapoté de nos doigts agiles et encore maladroits. Beaucoup d'entre nous n'ont encore jamais donné de caresse mais ce jour là nous avons donné de la tendresse aux morts de nos batailles. Nous leur avons dressé une tombe sans croix, ni étoile, ni croissant, ni encens. Nous avons mêlé nos voix, nos rires, nos chants et nos gémissements pour nous donner du courage. Il est âpre de perdre des amis quand on a encore si peu vécu. Chaque disparu a emporté avec lui une part de notre légèreté. Ce n'est pas un trou qui trône dans notre thorax mais un éclat de gravité comme un morceau de verre noir que l'on place devant sa rétine les jours d'éclipse. Parfois nous en avions marre de plonger nos membres dans le sol froid mais jusqu'au soir nous avons creusé la matière friable pour faire jaillir le dessin de Jeanne. Quand nous avons jugé qu'il était fini, nous nous sommes assis pour regarder la mer le recouvrir et les vagues se sont déchaînées. Elles gravissaient leur montagne avec la beauté téméraire que Jeanne portait sur son front. Puis les moutons d'écume se laissaient couler voluptueusement comme de lourdes boucles de cheveux sur la surface du géoglyphe. Alors nous avons hurlé que nous ne mourrons jamais, que nous ne nous laisserons pas ravir nos joies ni par le ciel vide, ni par les paradis ternes, ni par d'ineptes absolus. Nous avons juré que nous laisserons la beauté nous dévorer plutôt que de prêter main forte aux affreusetés des adultes qui n'ont pas grandit. Notre guerre sera la vie.

A PROPOS DU PROJET GEOLAB :

Géolab est une initiation au journalisme et au théâtre pour les adolescents du territoire de Thue et Mue. Initialement, devaient s’alterner des ateliers de journalisme et des ateliers de théâtre. Finalement cela se sera passé en deux
temps : journalisme automne 2020 et théâtre au printemps 2021. Les deux phases traversées par un temps de confinement.

De cet entrelacement de pratiques est né le texte : « Géoglyphe ». Le texte a été lu pour la première fois par les adolescents du projet Géolab accompagnés de comédiens professionnels.

Lecture par : Marylou Benzoni, Edgar Cabaret, Eric Fouchet, Lilou Jumeaux, Jessy Le Gall, Antonin Ménard et Manoë Tréfeu.

Trois épisodes de podcast, « Cradorables », ont été réalisés par Auriane, Flavie et les deux Tom dans le cadre des ateliers menés par Marylène Carré du magazine Grand Format. Ils sont en ligne sur le site de grand format : https://grand-format.net/atelier/cradorables/